Si vous suivez l’haltérophilie de près ou de loin, vous en aurez entendu parlé : Lu, l’un des cinq athlètes à avoir gagné 3 médailles d’or aux JO en haltérophilie, vient d’être testé positif à l’EPO.

Avant de commencer la lecture de cet article, vous pouvez en apprendre plus sur la carrière et les exploits de Lu Xiaojun juste ici.

Si vous ne le connaissiez pas, l’article en question vous permettra de cerner un peu l’ampleur de la carrière de l’haltérophile chinois, et donc vous comprendrez pourquoi son test positif est le sujet majeur de la communauté des haltérophiles aujourd’hui.

Depuis sa médaille aux Jeux olympiques à Tokyo, Lu n’a plus fait de compétition. Il avait pris sa retraite avant de reprendre le chemin de la salle, plus d’un an après, avec pour objectif d’aller décrocher un quatrième titre Olympique et ainsi devenir l’unique haltérophile le plus titré de tous les temps.

Dès sa reprise de l’entraînement, des photos de son physique avaient fait du bruit sur les réseaux et envahies les pages de memes.

Vous pouvez d’ailleurs visionner les vidéos des 9 premières semaines de son retour sur sa chaîne : LU XIAOJUN.

En l’espace de quelques semaines, il remonte à 220 kg en front squat et arrache à nouveau 150 kg.

Malgré ce retour, avant son controle, il était peu probable que nous le voyions aux Jeux olympiques de Paris. Avec le changement des catégories olympiques il aurait soit dû monter en 89 kg et affronter Tian Tao soit dû descendre en 73 kg et se frotter à Shi Zhiyong pour avoir une place dans l’équipe Olympique chinoise. Ses chances étaient maigres.

Ses chances s’amenuisent d’autant plus quand il est testé positif à l’EPO (contrôle réalisé le 30 octobre en dehors de toute compétition et annoncé positif le 20 décembre 2022). À moins qu’il soit invalidé, ce contrôle sonnera une fin de carrière pour le héros chinois.

Qu’est ce que l’EPO ?

C’est une hormone (érythropoïétine) qui augmente la production de globules rouges. C’est une hormone que produit naturellement le corps quand il est en altitude afin de s’adapter au manque d’oxygène. Augmenter le nombre de globule rouge permet au corps de mieux utiliser l’oxygène mis à disposition par le système pulmonaire.

Ainsi, un athlète utilisant de l’EPO augmentera sa capacité cardio-pulmonaire.

NB : si les stages en altitude sont autorisés pour augmenter la quantité d’EPO d’un athlète, l’injection d’EPO de synthèse est un acte de dopage.

La suite pour Lu ?

Après l’annonce du contrôle positif par l’ITA (International Testing Agency), Lu a pris la parole son compte instagram dans un post oui il dit :

« J’ai reçu l’e-mail de l’ITA (International Testing Agency) daté du 20 décembre 2022, m’informant d’un résultat d’analyse anormal à cause d’une substance non spécifiée détecté dans mon échantillon. J’ai été très choqué. En tant qu’athlète senior, j’ai toujours strictement respecté les politiques et réglementations antidopages de la fédération internationale d’haltérophilie (IWF), de l’agence mondiale antidopage et de l’agence chinoise antidopage. Je crois que la valeur du sport réside dans le fair-play et je m’oppose résolument à l’utilisation de toute substance ou méthode interdite et à toute autre forme de tricherie, qui est aussi la limite que je me suis toujours fixée. L’usage d’une substance interdite ou d’une méthode interdite est complètement contraire à mes valeurs et va à l’encontre de l’éducation antidopage que j’ai reçue.

Au cours de mes 24 années de carrière en haltérophilie, j’ai participé à de nombreux événements majeurs et j’ai été testé des centaines de fois, sans aucune ADRV (Anti Doping Rule Violation = violation des règles antidopage). Depuis mon retour de retraite en août 2022, j’ai subi un total de 8 contrôles antidopages en seulement quatre mois. J’aime beaucoup l’haltérophilie, et en tant qu’haltérophile, j’ai remporté tous les titres sans faute. Je n’ai aucun motif ni aucune raison d’utiliser une substance interdite ou une méthode interdite dans la phase finale de ma carrière d’haltérophile bien-aimée. Je coopérerai avec les organisations concernées pour enquêter, découvrir la véritable cause de ce problème et prouver mon innocence. »

L’utilisation d’EPO est strictement interdite, aussi bien à l’entraînement qu’en compétition. Lu est donc provisoirement suspendu et une enquête a été ouverte afin d’appuyer la décision définitive qui sera donnée par l’ITA.

Il a le droit de demander l’analyse de l’échantillon B (deux échantillons sont prélevés à chaque contrôle) afin de prouver son innocence en cas de faux positif de l’échantillon A.

C’est le troisième médaillé des Jeux de Tokyo à être suspendu pour dopage.

Article sur l’affaire Zacarias Bonnat.

Qu’en penser ?

Il n’est pas étonnant, selon nous, que Lu ait utilisé/utilise des produits dopants. Malgré les récents efforts de la fédération, l’haltérophilie de haut niveau regorge d’histoires de dopage. Et la même question se pose toujours : comment les athlètes naturels arrivent ils à gagner des compétitions alors que beaucoup de leurs concurrents sont dopés ?

La réponse est simple, ils n’y arrivent (quasiment) jamais. Tous les sports de performance que vous voyez à la télé, du cyclisme jusqu’à l’haltérophilie en passant par le saut à la perche, sont dominés par des dopés.

Certains se font attraper, d’autres non, mais ils le sont (quasiment) tous.

Ce qui est étonnant n’est donc pas que Lu tombe pour dopage. Mais plutôt le produit pour lequel il tombe. L’EPO est un produit très utilisé en cyclisme ou dans les sports d’endurance, car il améliore les capacités cardio-vasculaires. En haltérophile, la capacité pulmonaire est rarement facteur limitant.

Si vous avez des idées des raisons de cette utilisation, n’hésitez pas à nous en faire part en commentaire.

Théorie du complot ?

Certaines théories commencent à émerger. Notamment que Lu aurait été sacrifié par l’équipe Chinoise.

En effet, depuis des années, il y a eu très peu de contrôles positifs dans l’équipe chinoise. Beaucoup pointent du doigt le fait que WADA (l’agence mondiale antidopage) doive demander des visas pour se rendre en Chine (comme dans d’autres pays) pour réaliser des contrôles. Tous les athlètes connaissent donc à l’avance les dates des contrôles antidopages. Seule l’organisation chinoise antidopage peut réaliser des contrôles sur le sol chinois sans être annoncée.

Quoi de mieux pour les Chinois que de montrer qu’on attrape un triple champion Olympique pour faire croire au monde entier que nous cherchons réellement les dopés dans nos rangs ?

Alors que dans l’histoire, ils ne perdent aucune de nos têtes d’affiche, car rappelons le, Lu avait très peu de chance de retrouver l’équipe nationale chinoise.

N’hésitez pas à nous donner vos avis sur cette théorie également.

Pour clôturer cet article, nous voulons rappeler que, même sous les produits dopants, la carrière de Lu reste complètement incroyable. Et que tous chargés ou tous naturels, Lu aurai très probablement eu le même nombre de victoires. Il reste un athlète exceptionnel comme il en existe peu.

Ce n’est pas la dernière histoire de ce genre que notre sport connaîtra. Laissons WADA faire son travail, ce n’est pas à nous de trouver qui est dopé ou non. Nous ne pouvons que continuer d’apprécier les batailles qui nous sont proposées à haut niveau par ces athlètes, et laisser l’histoire de notre sport continuer de s’écrire.